Dépistage et suivi de la maladie rénale chronique (MRC)
Dépistage et suivi de la maladie rénale chronique (MRC)
Pourquoi un dépistage au laboratoire ?
La maladie rénale chronique (MRC) correspond à une altération durable du fonctionnement des reins (depuis plus de 3 mois).
Elle est souvent silencieuse, c’est-à-dire qu’on ne ressent aucun symptôme avant des stades déjà avancés.
C’est pourquoi un dépistage précoce est essentiel, surtout chez les personnes à risque.
Qui est concerné ?
Le dépistage est recommandé chez les personnes présentant un ou plusieurs facteurs de risque :
- Diabète,
- Hypertension artérielle (même traitée),
- Maladie cardiovasculaire,
- Insuffisance cardiaque,
- Obésité (IMC > 30),
- Maladie auto-immune (lupus, polyarthrite, vascularite…),
- Antécédents familiaux de maladie rénale,
- Traitements néphrotoxiques ou exposition à certains produits (AINS, plomb, cadmium, chimiothérapie…),
- Antécédent de néphropathie aiguë ou d’anomalie urinaire connue.
Fréquence recommandée : une fois par an
La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de réaliser ce dépistage chaque année chez les personnes présentant au moins un de ces facteurs de risque.
Les examens de dépistage proposés
Le dépistage repose sur deux analyses simples, réalisables au laboratoire :
- Une prise de sang pour mesurer la créatinine et calculer le débit de filtration glomérulaire (DFG), indicateur du fonctionnement rénal, analyse présente sur la plupart de vos prises de sang.
- Un échantillon d’urine pour mesurer le ratio albuminurie/créatininurie (RAC), c’est-à-dire la quantité d’albumine perdue dans les urines.
Le prélèvement urinaire peut être fait à tout moment de la journée, idéalement sur les urines du matin.
Comment interpréter le RAC ?
Le RAC indique la quantité d’albumine (une protéine du sang) filtrée par les reins retrouvée dans les urines :
| Niveau | Résultat du RAC | Interprétation |
| A1 | < 30 mg/g | Normal |
| A2 | 30 à 300 mg/g | Légèrement augmenté |
| A3 | > 300 mg/g | Élevé |
Un RAC anormal ne signifie pas forcément une maladie rénale : certaines situations peuvent entraîner une élévation temporaire (fièvre, infection urinaire, effort physique, règles, repas protéiné, traitement anti-inflammatoire…).
C’est pourquoi un contrôle est souvent recommandé à distance, dans de meilleures conditions, pour confirmer le résultat.
Quand parle-t-on de maladie rénale chronique (MRC) ?
On parle de MRC lorsqu’une anomalie persiste plus de 3 mois :
- DFG < 60 ml/min/1,73 m²,
- ou présence d’albumine (RAC > 30 mg/g) ou de sang dans les urines ou d’anomalies morphologiques au niveau des reins.
Le calcul du SSR
Sur les comptes rendus du laboratoire, vous verrez parfois apparaître la mention SSR (Score de Stratification du Risque).
Cet indicateur est calculé uniquement si le DFG est inférieur à 60 ml/min/1,73 m².
Il prend en compte :
- votre âge,
- votre sexe,
- votre créatinine (DFG),
- et votre albuminurie (RAC).
Le SSR évalue le risque d’évolution de la maladie rénale vers un stade nécessitant une prise en charge spécialisée.
Ce score aide le médecin à savoir quand il est nécessaire de consulter un néphrologue (spécialiste du rein).
- Si le risque est faible, le suivi par votre médecin traitant suffit.
- Si le risque est modéré ou élevé, une consultation chez le néphrologue est conseillée pour prévenir toute aggravation.
Pourquoi ce dépistage est important
Même lorsque les résultats sont légèrement altérés, la détection précoce permet :
- d’adapter les traitements (diabète, HTA etc.),
- de ralentir la progression de la maladie,
- et de réduire les complications cardiovasculaires.
Le but du dépistage n’est pas d’inquiéter, mais d’orienter au bon moment vers le bon professionnel, afin de préserver la santé rénale et cardiovasculaire sur le long terme.
En résumé
- Le RAC sur échantillon d’urine est le test le plus sensible pour dépister une atteinte rénale.
- Le SSR sur le compte rendu permet d’estimer le risque global et d’indiquer si un suivi chez un néphrologue est nécessaire.
- Pour les personnes à risque, un dépistage une fois par an est recommandé.